Le numérique responsable est une démarche de sobriété dans un monde où les usages connectés s’accélèrent de plus en plus. Dans cet article, nous allons définir ce qu’est le numérique responsable et nous verrons comment mettre en place une stratégie de sobriété numérique en entreprise.
Avant de débuter, il y a quelques chiffres importants à connaître sur le numérique.
2,5% de l’empreinte carbone française (monde : 4%) est lié à la fabrication des équipements numérique.
Ces utilisateurs finaux comprennent :
Il existe 34 milliards d’équipements en service, contre seulement quelques centaines de millions de data centers. (source : Fresque du Numérique)
C’est ce qui explique la part importante de la fabrication de ces équipements dans l’empreinte carbone de la France. Il faut aussi savoir que la plus grande part de l’énergie consommée est pour l’utilisation finale (et non pas les data centers).
Il y avait 17x plus de trafic internet mondial en 2020 par rapport à 2010. (source : Fresque du Numérique)
Ce chiffre nous montre bien l’accélération des usages numériques dans le monde. 62% de l’humanité utilise internet.
Il y a plus de 50 métaux dans un smartphone. (source : Fresque du Numérique)
Il faut aller creuser dans les sols pour trouver ces métaux et utiliser beaucoup d’eau pour fabriquer les smartphones, ce qui crée un stress hydrique (lorsque les ressources en eau disponibles sont inférieures à la demande en eau). Nous pouvons aussi questionner les conditions humaines et sociales des travailleurs qui extraient ces métaux, souvent au péril de leur vie et pour des rémunérations dérisoires.
Pour fabriquer un ordinateur de 2 kg, il ne faut pas moins que 800 kg de ressources pour la fabrication. (source : Fresque du Numérique)
C'est la notion de sac à dos écologique (voir la partie "Qu'est-ce que le numérique responsable ?").
17% des déchets numériques sont collectés pour le recyclage au niveau mondial. (source : Fresque du Numérique)
En effet, il est très difficile de séparer tous les composants présents dans un équipement numérique. C’est comme si vous souhaitiez récupérer seulement un ingrédient dans une soupe ! De plus, la plupart des équipements numériques non utilisés dorment dans nos maisons et ne sont pas déposés dans des bacs de recyclage.
L’impact environnemental du numérique a un taux de 6 à 8% de croissance par an. (source : Sommet Virtuel du Climat édition 2023)
Ce taux sera multiplié par 3 d’ici 2050 si rien n’est fait.
Selon l’ADEME, la sobriété numérique est une “démarche qui consiste, dans le cadre d’une réflexion individuelle et collective, à questionner le besoin et l’usage des produits et services numériques dans un objectif d’équité et d’intérêt général. Cette démarche vise à concevoir, fabriquer et utiliser les équipements et services numériques en tenant compte des besoins sociaux fondamentaux et des limites planétaires”.
C’est donc une démarche qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale du numérique. En effet, même si le numérique est souvent perçu comme quelque chose d'immatériel, il l’est beaucoup moins que ce que l’on pense en réalité. La fabrication des équipements numériques va demander beaucoup de ressources comme de l’eau, des métaux et des énergies fossiles. A cela s’ajoute la consommation en électricité de ces équipements.
C’est ce qu’on appelle le sac à dos écologique. Ce dernier mesure le poids des ressources naturelles qui ont été nécessaires à la fabrication d'une matière première ou d'un produit fini. Dans le cas d’un ordinateur de 2 kg, sa fabrication va nécessiter 800 kg de ressources en tout, dont 200 kg d’énergies fossiles, 600 kg de minéraux et plusieurs milliers de litres d’eau douce (source : Fresque du Numérique). Le sac à dos écologique existe pour tous les objets mais est très élevé pour les objets connectés. Le numérique est donc bien un usage matériel.
Source : Fresque du Numérique
Le numérique a également une empreinte sociale très forte. Comme nous l’avons dit précédemment, dans certains pays où les équipements sont fabriqués, les droits des travailleurs ne sont pas respectés. Il existe également une notion de fracture numérique, qui isole les personnes qui n’ont pas accès au numérique. Pour finir, le numérique est lié à des enjeux de santé puisqu’il peut affecter la santé physique et psychologique de ses utilisateurs.
Pour finir, le numérique répond à des enjeux économiques avec l’effet rebond. Les équipements sont moins robustes et plus abordables qu’avant, il va donc y avoir un effet de consommation très important. Cet effet va être accentué avec le phénomène d’obsolescence psychologique et le marketing qui pousse à acheter le dernier équipement à la mode.
Le numérique responsable a donc pour objectif de répondre à ces enjeux et de limiter les impacts de nos usages quotidiens.
La méthode ACT (Assessing Low Carbon Transition) repose sur 9 piliers :
ACT est une initiative lancée par l'ADEME dont l'objectif est d'aider les entreprises dans leur stratégie de décarbonation. C’est sur cette méthode que nous allons nous appuyer pour aborder la mise en place d’une stratégie de numérique responsable.
Pour n’importe quelle stratégie de sobriété, il est primordial de débuter en se fixant des objectifs de réduction. Cela peut être un objectif de réduction d’émissions, un objectif de durée de vie des équipements ou encore d’engagement de ses fournisseurs.
Un objectif doit être ambitieux, temporel et doit être défini dans un périmètre (scope). Pour une stratégie de sobriété numérique efficace, il est important de prendre en compte son impact amont (fournisseurs), mais aussi aval (clients, usages finaux, etc.).
L’économie de la fonctionnalité est un système en émergence qui consiste à vendre un usage plutôt qu’un produit. Il fait partie de la lutte contre l’obsolescence technique et psychologique qui accélèrent l’effet rebond.
Il existe des usages et technologies pour tendre vers cette économie, tels que :
Tous ces concepts sont basés sur la même idée : l’ouverture et la transparence pour lutter contre l’utilisation individuelle et l’obsolescence technologique et psychologique.
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode permettant de mesurer les effets de produits ou de services sur l’environnement. Elle va recenser et quantifier, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines.
Cette approche va donc permettre de connaître toutes les étapes du cycle de vie d’un produit et d’agir sur les étapes qui ont le plus d’impact :
Par exemple, si la fabrication d’un produit représente la plus grande partie de son impact sur l’environnement, il sera intéressant de réfléchir à un plan d’écoconception.
Source : ecoresponsable.numerique.gouv.fr
Il est important de bien choisir ses fournisseurs pour limiter son impact en amont. Voici quelques actions significatives à mettre en place pour une stratégie de numérique responsable :
Vous l’aurez donc compris, l’enjeu du numérique responsable est de taille et tout le monde est de la partie. Les entreprises ont un rôle à jouer considérable puisque l’usage du numérique au travail est désormais incontournable.
Vous souhaitez en savoir plus sur le numérique responsable ? Nous vous proposons d’animer la Fresque du numérique ou un atelier de sensibilisation au numérique responsable. C’est un très bon moyen de sensibiliser ses collaborateurs à ces enjeux cruciaux !